Crédits : Gouvernement Nouvelle-Calédonie
CLIPSSA à la deuxième édition du Forum Calédonien du Changement Climatique
A l’occasion de la deuxième édition du Forum Calédonien du Changement Climatique ce mardi 22 juillet à l’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC), l’IRD, Météo-France et l’Agence française de développement (AFD) étaient présents pour accueillir les différents acteurs institutionnels, économiques et académiques.
CLIPSSA était présent au village des stands (Météo-France et AFD) ce qui a permis au public de découvrir les avancées et résultats. Des fiches de vulgarisation étaient affichées au niveau des expositions.
Crédits : Eléa Yung-Hing IRD
Lors de la séance plénière en matinée, les coordonnateurs scientifiques (Christophe Menkès pour l’IRD et Alexandre Peltier pour Météo-France) ont partagé l’état des lieux des travaux des sciences du climat.
Crédits : Eléa Yung-Hing IRD
Puis en après-midi, l’équipe CLIPSSA a organisé et participé à un mini-séminaire intitulé “Agriculture, alimentation et usages de l’eau : vers une transition durable pour une réponse aux défis climatiques”, où Fleur VALLET (géographe et ingénieure projet) et Maya LECLERCQ (socio-anthropologue, postdoctorante) ont animé et modéré les échanges avec les intervenants suivants : Thomas ABINUN (Direction interrégionale Météo-France en Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna), Sebastien BLANC (Technopole), Franck SOURY-LAVERGNE (CAP-NC), Stephane BALAYRE (DAVAR), Julie DEFFIEUX (REPAIR), Yannick FULCHIRON (Agence Rurale), Samson JEAN-MARIE (IRD), Gildas GUIDIGAN (IRD) .
La présentation se divisait en 4 grandes thématiques :
- La première portait sur les effets et impacts du changement climatique sur l’agriculture et la ressource en eau. Météo-France, la Technopole et la CAP y ont présenté les principales évolutions des régimes pluviométriques en Nouvelle-Calédonie, ainsi que leurs conséquences concrètes sur les rendements agricoles.
- La seconde abordait le sujet des enjeux croisés, comment concilier les besoins de l’agriculture, de l’alimentation et des autres usages de l’eau, dans le contexte de la concurrence et de la gestion collective de l’eau, la DAVAR a traité de l’importance globale de la ressource en eau, avec de fortes variabilités spacio-temporelles, des services AEP, des bilans en besoins/ ressource et de la gouvernance locale de l’eau.
- Ensuite, un point a été fait sur les adaptations, analysant les solutions et pratiques déjà existantes ou à mettre en place. La CAP NC et REPAIR ont échangé sur l‘aménagement du territoire et les politiques agricoles, de l’accompagnement des agriculteurs et du soutien au changement de pratiques, en prenant pour exemple CLIMATERRA et REALISM.
Zoom sur l’équipe CLIPSSA :
- L’équipe CLIPSSA s’est quant à elle intéressée au sujet en privilégiant une approche d’ordre anthropologique.
Lors de son intervention, Samson Jean-Marie a exposé les stratégies d’adaptation mises en place par les communautés locales lors des sécheresses prolongées, en s’appuyant sur le cas d’un agriculteur ayant abandonné ses plantations, que ses descendants ont su réhabiliter grâce à des solutions innovantes. Expliquant ces différentes solutions, notamment celle du désherbage, différé et localisé, ou encore celle du paillage sur les lignes de cultures ou le paillage localisé, puis le couplage des systèmes d’irrigation, ainsi que la relocalisation des parcelles et leurs mises en place, avec des stratégies pour limiter les impacts des cyclones et de l’érosion.
Gildas Guidigan a ensuite poursuivi en expliquant que les plantes réagissent à certains changements climatiques tels que les températures élevées, les sécheresses et précipitations irrégulières, les événements extrêmes plus fréquents et les risques accrus pour la productivité agricole par des mécanismes physiologiques, agronomiques, et parfois adaptatifs. En effet le stress climatique de ces dernières pousse à une baisse de la photosynthèse sous forte chaleur, une fermeture des stomates et perte de croissance, une réduction de la fertilité (stérilité florale, pollen non viable), et une accélération du cycle (moins de temps pour produire du grain). Par exemple : les tubercules et les céréales dans le Pacifique Sud, plus particulièrement en Nouvelle-Calédonie, ayant des besoins en eau et une vulnérabilité à la chaleur très accrue.
Dans le but d’expliquer ses recherches, Gildas a présenté l’outil de simulation – APSIM next gen – qui vise à reproduire la croissance des cultures (maïs, riz, etc.), à tester différents scénarios climatiques futurs (RCP 4.5, 8.5…), à évaluer des pratiques agricoles alternatives (semis, irrigation, variétés), ainsi que la réponse des cultures (riz et maïs) face aux variables climatiques. Des résultats ont été observés, notamment avec le maïs, en effet on observe un stress hydrique croissant pendant la floraison, et une baisse du rendement possible si la date de semis est mal adaptée et pour l’igname, des températures élevées qui provoquent une stérilité florale, et donc une irrigation est indispensable en conditions futures. Les scénarios d’adaptation identifiés sont donc un avancement des dates de semis et un choix de variétés plus résistantes, ainsi qu’une gestion de l’eau optimisée. Les plantes ressentent un stress climatique et leurs réponses peuvent entraîner des pertes de productivité, démontrant l’importance des modèles de simulation tel que APSIM.
- Puis dans un quatrième axe, l’agence rurale, Repair et Technopole ont développé un futur des possibles en s’appuyant sur les modèles alimentaires et agricoles pour demain et les choix collectifs à proscrire pour garantir une agriculture et une alimentation durables face au climat futur. Ont donc été abordés les sujets de la transformation et autonomie des systèmes agroalimentaires, des comportements alimentaires en Nouvelle-Calédonie, des systèmes de production plus autonomes et économes, des services écosystémiques et agroécologie et des variétés locales acclimatées.
Retrouvez ici la feuille récapitulative de la table ronde.
Crédits : Catherine Sabinot IRD
Une jeunesse forte de propositions et de motivation
Le gouvernement souhaitant impliquer la jeunesse dans son plan d’action pour l’adaptation au changement climatique, cette dernière était mise en avant lors de ce forum, notamment à travers le choix du lieu de cet événement. Les cours de spécialités scientifiques ont été banalisés, afin que les élèves puissent assister aux tables rondes. Des activités pédagogiques ont été organisées sur certains stands afin de communiquer et vulgariser les recherches scientifiques auprès des étudiants. Enfin, les médias ont interrogé les jeunes présents dans le public.
- Un plaidoyer de la jeunesse a été organisé afin de donner la parole aux jeunes.
- Deux sessions de slam ont été réalisés par Georgina Sioremu, apprentie en communication & médiation de l’équipe CLIPSSA : l’humour noir du changement climatique et ma jeunesse a sa place
Crédits : Gouvernement Nouvelle-Calédonie
Ainsi cette session jeunesse fait écho à l’étude réalisée en 2024 par Ilona DA CRUZ GERNGROSS, stagiaire en Master 1 Sciences de la Durabilité en 2024 au sein du projet CLIPSSA, “L’Intégration des jeunes dans les processus de consultations et d’élaboration de la stratégie d’adaptation au changement climatique en Nouvelle-Calédonie”.
Crédits : Gouvernement Nouvelle-Calédonie