Les États et territoires insulaires du Pacifique contribuent aux grands équilibres écologiques du monde en possédant cinq des trente-six « points chauds de la biodiversité mondiale » dont l’un est la Polynésie française qui s’apprête à créer une des plus grandes aires marines protégées et l’autre la Nouvelle-Calédonie qui possède la plus grande barrière de corail continue au monde, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Sur le plan climatique, le Pacifique Sud présente une variété de climats allant du climat équatorial chaud et pluvieux toute l’année au niveau des îles Salomon, à un climat tropical à subtropical incluant une alternance de saison chaude et humide et une saison plus fraîche et sèche. Cette zone est située sur une des zones de convection les plus importantes de la planète, la zone de convergence du Pacifique Sud (SPCZ – South Pacific Convergence Zone) avec des conséquences directes en termes d’inondations, de sécheresse, de vagues de chaleurs et de cyclones sur les îles du Pacifique Sud.

Le fonctionnement de la SPCZ est difficile à comprendre en raison des complexes interactions qui prennent naissance en son sein entre l’océan et l’atmosphère.

En raison de la SPCZ, les États et territoires insulaires du Pacifique sont profondément affectés par nombre d’évènements météorologiques et phénomènes extrêmes provoquant des dégâts socio-économiques et écologiques majeurs. Avec des capacités d’adaptation très inégales, compte tenu de la diversité des situations géographiques, économiques et sociales, avec des modifications futures diverses des évènements climatiques extrêmes, les États et territoires insulaires du Pacifique sont ainsi très vulnérables aux effets du changement climatique alors qu’ils ne représentent que 0,03 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).

Combler les lacunes
et les obstacles
scientifiques actuels

© Thierry Vogenstahl

Il est constaté que les modèles globaux du climat, dont les simulations sont utilisées depuis des décennies comme base pour les rapports du GIEC, montrent, dans la région, une forte disparité de simulations de la SPCZ sur la période historique (1970-2020) d’une part, mais aussi de grandes incertitudes sur ses positions et intensités futures (Brown et al., 2020) quel que soit le scénario socio-économique suivi au 21ème siècle. Ces incertitudes se propagent dans l’évaluation du futur des phénomènes clés comme ENSO mais aussi des extrêmes plus généralement (cyclones, vagues de chaleur, épisodes de pluie intense, sécheresses, etc.). S’il est admis que la fréquence des cyclones va diminuer dans la région mais avec une forte incertitude selon les études, le devenir de leur intensité fait encore débat (Dutheil et al., 2020 ; Dutheil, 2019 ; Walsh et al., 2012, 2016).

Ces incertitudes sur le devenir du climat du Pacifique Sud en général se propagent au niveau des îles et plus particulièrement au niveau des îles hautes comme la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu et la Polynésie française en raison de l’inadéquation de ces modèles qui sont à mailles spatiales grossières (~100km) et incapables de reproduire nombre de phénomènes locaux résultant d’interactions avec la topographie complexe des îles. Pour tous ces territoires insulaires, la plupart des modèles de climat ne possèdent simplement pas de point de terre à l’endroit des territoires insulaires et ils ne sont donc pas pertinents pour comprendre le devenir du climat local et ses impacts.

Ainsi il n’existe pas d’estimations robustes du devenir des précipitations et des sécheresses aux échelles pertinentes pour les pays et territoires sous différents scénarios dans les 100 prochaines années ni du devenir des vagues de chaleur par rapport aux lentes tendances climatiques. Pourtant les îles du Pacifique Sud sont, par exemple, très fortement vulnérables à la quantité de précipitation qui va dicter la disponibilité de la ressource en eau.
L’ensemble des incertitudes évoquées précédemment pose la question de la fiabilité et la pertinence des projections climatiques en général dans le Pacifique Sud et à l’échelle des Etats et territoires insulaires dans l’état actuel des études existantes.

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Stratégies régionales
et nationales d’adaptation
au changement climatique

En première ligne face au changement climatique, les États et territoires insulaires du Pacifique Sud sont des espaces d’expérimentations à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique du fait de leur exposition et de leur grande vulnérabilité aux phénomènes météorologiques.

Dans le cadre de leurs plans d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique, les territoires insulaires du Pacifique expriment, de manière répétée, leurs besoins d’acquérir des connaissances générales sur le climat futur notamment pour la gestion de leurs ressources hydriques, énergétiques, alimentaires mais aussi pour les questions de santé publique et de biodiversité.

Pour s’adapter à ces changements climatiques, il est nécessaire de connaître avec détail, localement, le climat futur pour dresser le bilan des vulnérabilités et organiser une réponse cohérente et structurée c’est-à-dire de modifications des modes de faire et de vivre.

Les stratégies d’actions, communément appelées Plans nationaux d’adaptation (PNA), ont déjà été réalisées dans de nombreuses géographies mais ce n’est pas le cas dans les Outre-mer français. La stratégie d’adaptation de Wallis et Futuna doit être actualisée et déclinée en plan d’action et le plan d’adaptation du Vanuatu est ancien.

Afin de nourrir les stratégies et plans d’adaptation de ces États et territoires insulaires, un ensemble de données, mesures et d’investissements potentiels rendant les sociétés plus résilientes au changement climatique sont nécessaires à mettre en œuvre.